Chapitre I : OSER

En 2020, j'ai osé. La pandémie, aussi anxiogène qu'elle fut, m'a offert une opportunité unique de réflexion, de ralentissement et enfin de pause. Comme beaucoup, j'ai exploré une multitude d'activités : j'ai cuisiné, pétri du pain, peint, lu. J'ai aussi beaucoup marché, aux côtés de mon conjoint, le seul humain autorisé dans ma bulle, comme ils aimaient si bien le dire aux nouvelles.

Je me suis toujours sentie en quête de quelque chose, mais je ne savais ni quoi ni quand ni comment. Cette sensation d'errance a longtemps entravé ma carrière professionnelle et plus largement ma vie. J'ai souvent mis mon énergie dans des projets "en attendant". Mais en attendant quoi, au juste ? Avec le recul, je réalise que j'ai toujours eu peur d'être vraiment heureuse. Ne pas m’investir à 100% c’est garder une portion de mon cœur fermé, protegé, intact, par peur tout simplement. 

Alors, durant cette période de crise, j'ai décidé de faire ce qui me procurait du bien, ici et maintenant. Et c'est ainsi qu'est née une couronne de Noël, confectionnée avec des végétaux ramassés lors de mes balades. J'ai également utilisé des ornements issus de l'économie circulaire, accumulés au fil des années et seuls matériaux disponibles chez nous. Cette activité m'a apaisée, ravivant des souvenirs d'enfance passés à confectionner des décorations avec mes parents en France. La nuit qui tombe, l'odeur de cannelle, un chocolat chaud. Dans mon petit appartement à Verdun, je me suis laissée emporter par cette créativité. Une immense bulle s’est enveloppée autour de moi. En y sortant, j’ai  réalisé que je n’arrivais plus à m’arrêter de créer.  Une dizaine de couronnes de Noël étaient disposées au mur de notre salon. J’ai compris à ce moment là, su que j'avais trouvé quelque chose qui me rendait véritablement heureuse ; créer. Dans mon jardin secret, je rêvais de pouvoir y vivre ; d'oser faire sortir les couronnes de chez nous.

Mes couronnes, je les trouvaient belles, douces, et emprunt d'une éthique écologique. J'ai donc en 2020, écrit la prémisse de mon histoire en voulant proposer des décorations de Noêl éco-responsable et artisanales - afin de contrer la sur-consommation de cette période.

Une idée a germée dans ma tête : pourquoi ne pas vendre quelques-unes de mes créations pour apporter de la joie aux autres et compléter mes revenus ?

L'idée fut appuyée et poussée par mon conjoint, qui bien que compréhenif, ne comprenait pas l'intérêt d'avoir autant de couronne de Noêl pour une seule maison. C'est ainsi que j'ai décidé de faire un post sur un groupe Facebook de notre quartier. 

En quelques heures seulement, toutes mes couronnes ont été adoptées, moyennant une petite somme pour m'encourager. J'ai été prise totalement au dépourvu car habituellement, au début d'un projet, il s'agit souvent d'achat de la part d'amis ou de membres de la famille. cette fois, ce n'était pas le cas. Ceux qui ont soutenu mon travail étaient des voisins que je ne connaissais pas, des inconnus qui semblaient être touchés par mon art et ma vision.

Si tu fais partis de ces personnes là et que tu me lis ici, merci. Merci n'est même pas assez fort.

Suite à ce succès, j'ai décidé d'en refaire une autre série. Et encore une fois, elles ont toutes trouvé preneur. Je me suis sentie légère, envahie par une adrénaline comme jamais auparavant. C'était comme si j'avais enfin touché du doigt quelque chose de spécial. C'est particulier de "monnayer" quelque chose qui vient de notre âme.